Une façon différente de communiquer

Je suis une personne directe. Grand mal grand bien, c’est ainsi.

Dans mon album des finissants du secondaire, on peut lire à mon éloge : « Parfois tu dis les choses quand ce n’est pas le temps, mais ça n’empêche pas que je t’aime ».

Et c’est bien vrai. J’ai une façon différente de communiquer.

Mais je fais des efforts. Car maintenant, la majorité du temps, j’essaie de me taire ou d’esquiver les situations sociales où j’aurais à refouler des mots dans ma gorge. Dans ces situations, je m’évade en retrait. Quand c’est inévitable, j’ai appris (et non compris), principalement par imitation, à faire comme les autres.

C’est que mon cerveau fonctionne de la façon suivante : si tu as la bonne réponse, dis-le. Si quelqu’un a un problème et que tu as la solution, dis-le. Si quelqu’un dit quelque chose d’erroné et que tu as la bonne réponse, dis-le. Si ton savoir peut aider, partage-le. Qu’on te le demande ou non.

Pour le commun des mortels, « toute vérité n’est pas bonne à dire ». Pour moi, si. Si c’est la vérité, elle est à dire. Mon cerveau existe pour la vérité. Et lorsque je ne connais pas la réponse, ou lorsque j’hésite, je vais m’informer. Pour ensuite détenir, du moins au mieux de mes connaissances, une vérité. Même si cette dernière n’est pas toujours accessible, évidemment. J’en suis malheureusement conscient. Et ça me dérange. J’aimerais que la vérité soit toujours accessible, ce serait beaucoup plus simple.

Vers mes 20 ans, j’ai entamé des études universitaires en psychologie. Le sujet me fascinait. J’ai toujours vécu en spectateur social et les gens et leur façon de fonctionner m’intriguaient infiniment. Mais comme je l’ai soulevé précédemment, lorsqu’un sujet m’intéresse, je dois tout connaître. Donc d’une part j’avais des obligations à remplir envers mes études, c’est-à-dire des examens, et d’une autre, une soif incommensurable de tout savoir. L’un va très mal avec l’autre sachant que le temps est une ressource limitée. Devant travailler pour payer les études, conserver des liens sociaux (qui me demande, je trouve, une énergie très supérieure à celle requise aux communs des mortels), étudier les matières et découvrir tout le reste dans mes temps libres, le constat fût que le dernier occupa le plus clair de mon temps. Et mes notes en prirent le coup. Ceci dit, plus je lisais et plus j’en apprenais sur la psychologie, plus j’étais ambiguë à savoir si oui ou non j’apprenais à comprendre l’humain. Car la psychologie n’est pas une science exacte. Dans mes cours, on nous montrait une multitude d’approches cliniques / orientations théoriques différentes pour étudier l’être humain. Tout est laissé à l’interprétation du clinicien : la personnalité du psychothérapeute est plus importante que sa méthode. Pour un esprit rationnel, linéaire, analytique, cartésien et critique comme le mien, impossible d’être satisfait avec plusieurs vérités applicables « selon le contexte » et selon le choix du psychologue clinicien. Bref, gros « turn off ». Pourtant j’aurais dû le savoir. Psychologie signifie littéralement science de l’âme.

L’électronique, le numérique, tout s’y explique. Si c’est 12 volts, c’est 12 volts. Impossible d’y voir un psychologue clinicien dire que ce sont plutôt 10 volts et que selon l’approche psychodynamique-analytique, les 2 volts supplémentaires n’existent pas et proviennent plutôt de conflits refoulés et non résolus de son histoire personnelle. Ou celui de l’orientation existentielle-humaniste nous dire que la batterie possède en elle les ressources nécessaires pour se réaliser et arriver à 18 volts.

J’apprécie particulièrement les communications directes. Je suis très malhabile au jeu de « tourner autour du pot ». J’aime les communications franches et directes. Je n’aime pas les formes de politesses du genre « Allo, comment ça va ? » pour ensuite demander un service. Le fait de savoir comment va l’autre n’intéresse nullement dans une situation comme ça. Et ça m’a confus plus d’une fois où je croyais que c’était une réelle question. C’est hypocrite et c’est une perte de temps. Je me rends compte que c’est très rare que les gens se demandent vraiment comment ils vont.

Bref, je communique différemment.

Ça implique que :

  • Extérioriser ma compassion lorsque quelqu’un est triste ou a besoin de soutien m’est difficile
  • Il m’arrive de blesser des gens avec mes paroles, non intentionnellement, sans comprendre pourquoi et devoir me le faire expliquer
  • J’ai parfois du mal à comprendre les blagues. Je peux aussi faussement penser que quelque chose est une blague et rire à un mauvais moment
  • J’ai parfois de la difficulté à reconnaître un ton sarcastique
  • Les choses ambiguës me rendent fou
  • Je déteste me faire interrompre. Mes idées sont alors difficiles à remettre en place.
  • Je peux parfois paraître condescendant de façon sincèrement involontaire
  • Je préfère les conversations profondes et pointilleuses aux « small-talk »
  • On me reproche d’être trop direct
  • Il peut m’être parfois difficile de communiquer de vive voix, car mes mots sont flous, mais mes idées claires, surtout dans des situations qui demandent de l’argumentaire ou quand la complexité de mes idées dépasse ma capacité à les expliquer
  • J’ai énormément de mal à discuter avec quelqu’un qui ne connaît pas son sujet, ça m’irrite
  • Je suis extrêmement cartésien
  • Mon attitude peut parfois sembler cynique
  • Je peux souvent sentir que les gens comprennent de travers ce que je dis

Il me semble que discuter ensemble serait beaucoup plus simple sans tout les non-dits, les sous-entendus, les doubles sens, le sarcasme, bref, vous voyez le genre. En communiquant simplement de façon directe.


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Keven

À propos de Keven

Passionné d'informatique, d'électronique et de « machines à gaz ». Papa d'un garçon et de deux jumelles. Sur mon bateau d'Aspie, tantôt troué tantôt réparé, j'échappe quelques lignes sur mon blogue que j'ai créé pour évader mes pensées.

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